Lettres de la mer et de lointaines contrées

Ces photographies ont été prises dans un ailleurs. Dans le Nord de la France sur une période d'un an. Dans la foret. Dans les lumières de la foret. Faites avec un appareil moyen-format, et en couleur plutôt qu'en noir et blanc, pour retrouver un semblant de réalité dans ce qui semblait ne plus l'être. Les êtres, justement, qu'ils soient humains, animaux ou végétaux, ont peuplé mes longues balades dans les forets clairsemées. Je ne laissais derrière moi aucun cailloux blancs, ni mie de pain et je n'avais pas peur d'être dévoré par des apparitions aux traits de loup ou aux traits familiaux; je voyais plutôt des cerfs qui m'observaient longuement et quels que soient les chemins de traverse que je prenais, je savais que je ne parviendrais jamais à me perdre et que je serais de retour chez moi à la nuit tombée. Avant de m'endormir, une dernière fois, peu importe la saison, j'ouvrais la fenêtre pour écouter les bruits de la foret, eau de pluie sur les feuilles ou sangliers fouillant le sol humide et noir.